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qui y régnait leur révéla une partie des droits communs à tous les hommes, et ils adoptèrent quelques-unes des institutions publiques et privées des Français. La correspondance de Constantinople avec l’Italie répandit l’usage de l’idiome latin, et l’on fit ensuite à quelques-uns des pères et des auteurs classiques l’honneur de les traduire en grec[1]. Mais la persécution enflamma le zèle religieux et les préjugés nationaux des chrétiens de l’Orient ; et le règne des Latins confirma la séparation des deux Églises.

Si nous comparons, dans le siècle des croisades, les Latins de l’Europe aux Grecs et aux Arabes, si nous considérons chez ces différens peuples les divers degrés des lumières, des arts et de l’industrie, nous n’accorderons sans doute à nos grossiers ancêtres que le troisième rang parmi les nations civilisées : on peut attribuer leurs progrès successifs et la supériorité dont ils jouissent aujourd’hui, à une énergie particulière de leur caractère, à un esprit d’imitation et d’activité inconnu à leurs rivaux plus avancés, mais chez lesquels tout alors se trouvait dans un état de stagnation ou dans un mouvement

  1. Huet (De interpretatione et de claris interpretibus, p. 131-135) rend un compte abrégé et superficiel de ces traductions de latin en grec. Maxime Planudes, moine de Constantinople (A. D. 1327-1353), a traduit les Commentaires de César, le Songe de Scipion, les Métamorphoses et les Héroïdes d’Ovide, etc. (Fabricius, Bibl. græc., t. X, p. 533.)