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général de Michel, dont l’armée, augmentée des Comans auxiliaires, se trouva composée de vingt-cinq mille hommes[1]. L’ardeur de ces volontaires, et sa propre ambition, excitèrent le César à désobéir aux ordres précis de son maître, dans la juste confiance que le succès le justifierait de sa désobéissance. Les volontaires connaissaient l’état de faiblesse, de détresse et de terreur où se trouvaient les Latins, qu’ils étaient continuellement à portée d’observer, et ils présentèrent le moment comme très-favorable pour surprendre et envahir Byzance. Un jeune imprudent, qui gouvernait depuis peu la colonie de Venise, était parti avec trente galères et les plus braves chevaliers français pour une folle expédition contre la ville de Daphnusia, située sur les bords de la mer Noire, à quarante lieues de Constantinople. Le reste des Latins était sans force et sans soupçons. Ils apprirent qu’Alexis avait passé l’Hellespont ; mais le faible nombre des troupes qu’il avait amenées dissipa leur inquiétude, et ils ne pensèrent point à s’informer de leur augmentation. En laissant son corps d’armée à une certaine distance, pour seconder au besoin ses opérations, il pouvait s’avancer, à la faveur de l’obscurité, avec un détachement choisi : tandis que quelques-uns devaient appliquer des échelles à la partie

  1. Il est inutile d’aller chercher ces Comans dans les déserts de la Tartarie ou même de la Moldavie, une partie de la horde s’était soumise à Jean Vatacès, et avait probablement établi une pépinière de soldats dans quelques terres désertes de la Thrace (Cantacuzène, l. I, c. 2).