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il semble avoir toujours tâché de prolonger son absence et de différer son retour. Des vingt-cinq années de son règne, le plus grand nombre fut passé hors de son royaume, et il ne se crut jamais moins libre et moins en sûreté que dans sa patrie et dans sa capitale. Sa vanité put, dans quelques occasions, jouir avec complaisance des honneurs de la pourpre et du titre d’Auguste. Au concile général de Lyon, tandis que Frédéric II était excommunié et déposé, son collègue d’Orient siégeait sur son trône à la droite du pontife romain. Mais combien de fois cet empereur mendiant et exilé ne fut-il pas dégradé à ses propres yeux et à ceux de toutes les nations, par des mépris ou par une pitié insultante ! Lorsqu’il passa pour la première fois en Angleterre, on l’arrêta à Douvres avec une sévère réprimande d’avoir osé entrer sans permission dans un royaume indépendant. Cependant, après quelque délai, il obtint la liberté de continuer sa route, fut reçu avec une politesse froide, et partit reconnaissant d’un présent de sept cents marcs d’argent[1]. Baudouin ne tira de l’avarice de Rome que la proclamation d’une croisade et un trésor d’indulgences, monnaie dont on avait fait baisser la valeur par un usage trop fréquent et trop peu réfléchi. La naissance et les malheurs du prince grec intéressè-

  1. Matthieu Paris raconte les deux visites de Baudouin II à la cour d’Angleterre (p. 396, 637), son retour en Grèce, armatâ manu (p. 407), ses lettres de son nomen formidabile, etc. (p. 481). Ce dernier passage a échappé à Ducange ; voyez l’expulsion de Baudouin, p. 850.