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taire, et une colonie de soldats aurait été bientôt convertie en une communauté de prêtres[1].

Pierre de Courtenai, empereur d’Orient. A. D. 1217, 9 avril.

Le vertueux Henri mourut à Thessalonique, où il était allé défendre le royaume, et le fils, encore enfant, de son ami Boniface. La mort des deux premiers empereurs de Constantinople avait éteint la ligne mâle des comtes de Flandre ; mais leur sœur Yolande était l’épouse d’un prince français, et la mère d’une nombreuse postérité. Une de ses filles avait épousé André, roi de Hongrie, brave et pieux champion de la croix. En le plaçant sur le trône, les barons de la Romanie se seraient assuré le secours d’un royaume puissant et voisin ; mais le sage André respectait les lois de la succession, et les Latins invitèrent la princesse Yolande et son mari, Pierre de Courtenai, comte d’Auxerre, à venir ceindre le diadème de l’empire d’Orient. L’origine illustre de son père, la maison royale de sa mère, le faisaient respecter des barons français comme le plus proche parent de leur roi. Il jouissait d’une réputation brillante et dominait sur de vastes possessions ; dans la sanglante croisade contre les Albigeois, les prêtres et les soldats avaient été pleinement satisfaits de son zèle et de sa valeur. La vanité pouvait s’applaudir de voir un Français sur

  1. Voyez le règne de Henri dans Ducange (Hist. de C. P., l. I, c. 35-41 ; l. II, c. 1-12), à qui les lettres des papes ont été d’une grande ressource. Le Beau (Hist. du Bas-Empire, t. XXI, p. 120-122) a trouvé, peut-être dans Doutremens, quelques lois de Henri qui établissent le service des fiefs et les prérogatives de l’empereur.