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nité[1]. [Procession du S. Esprit.]Dans les longues controverses de l’Orient on avait scrupuleusement défini la nature et la génération du Christ ; et la relation connue d’un père avec son fils semblait en présenter à l’esprit quelque faible image. L’idée de naissance paraissait moins analogue au Saint-Esprit, qui, au lieu d’un don ou d’un attribut divin, était considéré par les catholiques comme une substance, une personne, un Dieu. Il n’avait pas été engendré ; mais, en style orthodoxe, il procédait. Procédait-il du père seul, peut-être par le fils ? ou du père et du fils ? Les Grecs adoptèrent la première de ces opinions ; les Latins se déclarèrent pour la seconde, et l’addition du filioque, au symbole de Nicée, alluma la discorde entre les Églises gauloise et orientale. Dans les commencemens de cette controverse, les pontifes romains affectèrent de conserver la neutralité et un caractère de modération[2]. Ils condamnaient l’innovation et acquiesçaient cependant à

  1. Le jésuite Pétau discute le sujet mystérieux de la procession du Saint-Esprit, sous le rapport du sens ou de l’absurdité qu’il présente relativement à l’histoire, la théologie et la controverse (Dogmata theologica, t. II, l. VII, pages 362-440).
  2. Il posa sur la châsse de saint Pierre deux boucliers d’argent pur, du poids de quatre-vingt-quatorze livres et demie, sur lesquels il inscrivit le texte des deux symboles (utroque symbolo) pro amore et cantelâ orthodoxæ fidei. (Anastas. in Léon III ; dans Muratori, t. III, part. I, p. 208.) Son langage prouve évidemment que ni filioque, ni le symbole d’Athanase, n’étaient reconnus à Rome vers l’année 830.