Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’état, avait rarement la permission de s’éloigner du timon de la république ; mais il se faisait représenter en Grèce par un bailli ou régent revêtu d’une juridiction en dernier ressort sur la colonie des Vénitiens. Ceux-ci possédaient trois des huit quartiers de Constantinople ; et leur tribunal indépendant était composé de six juges, quatre conseillers, deux chambellans, deux avocats fiscaux et un connétable. Une longue expérience du commerce d’Orient les avait mis à portée de choisir leur part avec discernement ; ils firent cependant une imprudence en acceptant le gouvernement et la défense d’Andrinople ; mais leur sage politique s’occupa de former une chaîne de villes, d’îles et de factoreries le long de la côte maritime, qui s’étend depuis les environs de Raguse jusqu’à l’Hellespont et au Bosphore. Les travaux dispendieux de ces conquêtes épuisaient leur trésor ; ils renoncèrent aux anciennes maximes de leur gouvernement, adoptèrent un système féodal, et se contentèrent de l’hommage des nobles[1] pour les possessions que ceux-ci entreprenaient de conquérir et de défendre. Ce fut ainsi que la famille de Sanut acquit le duché de Naxos, qui comprenait la plus grande partie de l’Archipel. La république

    -641). Pour le gouvernement de Constantinople, voyez Ducange, Hist. de C. P., I, 37.

  1. Ducange (Hist. C. P., II, 6) a rapporté la conquête que firent la république ou les nobles Vénitiens, des îles de Candie, de Corfou, Céphalonie, Zanthe, Naxos, Paros, Mélos, Andros, Mycone, Scyros, Ceos et Lemnos.