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Conversion de la Russie. A. D. 864.

Photius, patriarche de Constantinople, en qui l’ambition a égalé le désir de savoir, félicite l’Église grecque, et se félicite lui-même de la conversion des Russes[1]. Il avait déterminé ces hommes farouches et sanguinaires à reconnaître Jésus-Christ pour leur Dieu, les missionnaires chrétiens pour leurs docteurs, et les Romains pour leurs amis et leurs frères. Son triomphe fut de courte durée : il put se faire qu’entraînés par les divers événemens qui suivirent leurs expéditions, quelques chefs russes consentissent à recevoir les eaux du baptême ; un évêque grec a pu, sous le nom de métropolitain, administrer dans l’église de Kiow les sacremens à quelque congrégation composée d’esclaves et des naturels du pays ; mais la semence de l’Évangile tombait sur un sol ingrat ; le nombre des apostats fut considérable, celui des conversions le fut très-peu, et le baptême d’Olga doit être regardé comme

    Pagi, Critica, t. IV, A. D. 968-973) est plus authentique et plus circonstancié que Cedrenus (t. II, p. 660-683) et Zonare (t. II, p. 205-214). Ces déclamateurs ont porté à trois cent huit mille et trois cent trente mille hommes le nombre des troupes russes dont les contemporains avaient donné une évaluation modérée et vraisemblable.

  1. Phot., epist. 2, no 35, p. 58, édit. Montacut. Ce savant éditeur n’aurait pas dû prendre, pour le cri de guerre des Bulgares, les deux mots το Ρως, qui signifient la nation russe ; et Photius, qui avait des lumières, ne devait pas accuser les idolâtres esclavons Σλληνικης και αθειο‌υ αθειο‌υ δοξης. Ils n’étaient ni Grecs ni athées.