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Phaze et de Trébisonde, éclata enfin sur le Bosphore de Thrace, détroit de quinze milles, où un adversaire plus habile aurait pu arrêter et détruire les navires grossiers des Russes. Dans leur première entreprise, sous les princes de Kiow[1], [La première. A. D. 865.] ils passèrent sans obstacle, et occupèrent le port de Constantinople, en l’absence de l’empereur Michel, fils de Théophile, Ce prince parvint, à travers mille dangers, à débarquer à l’escalier du palais, et se rendit sur-le-champ à une église consacrée à la vierge Marie[2]. D’après l’avis du patriarche, une relique précieuse, le vêtement de la mère de Dieu, fut tiré du sanctuaire et plongé dans la mer, et l’on attribua dévotement à sa protection une tempête qui, arrivant à propos, détermina la retraite des Russes[3]. [La seconde. A. D.904.]Le silence des

  1. On doit regretter que Bayer n’ait publié qu’une dissertation de Russorum prima expeditione Constantinopolitanâ (Comment. acad. Petrop., t. VI, p. 365-391). Après avoir fait disparaître quelques difficultés de chronologie, il fixe l’époque de cette expédition aux années 864 ou 865, date qui aurait dû dissiper les doutes et aplanir les difficultés qu’on trouve au commencement de l’histoire de M. Lévesque.
  2. Lorsque Photius écrivit sa lettre circulaire sur la conversion des Russes, le miracle n’était pas encore mûr. Il reproche à la nation, εις ωμοθητα και μιαιφονιαν παντας δετερο‌υς ταττομενον.
  3. Léon le Grammairien, p. 463, 464 ; Constantini, continuator, in script, post Theophanem, p. 121, 122 ; Siméon Logothet, p. 445, 446 ; Georg. Monach., p. 535, 536 ; Cedrenus, t. II, p. 551 ; Zonare, t. II, p. 162.