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au-dessous des chutes, les Russes célébraient par une fête le bonheur qu’ils avaient d’être échappés au péril ; sur une seconde île qui se trouve près de l’embouchure de la rivière, ils réparaient leurs navires, afin de les mettre en état de commencer le voyage plus long et plus dangereux de la mer Noire. S’ils longeaient la côte, ils gagnaient sans peine la bouche du Danube ; avec un bon vent, ils pouvaient en trente-six ou quarante heures arriver sur le rivage de l’Anatolie, et se rendre ensuite à Constantinople. Ils retournaient en Russie avec une riche cargaison de blé, de vin et d’huile, des ouvrages de la Grèce et des épiceries de l’Inde. Quelques-uns de leurs compatriotes résidaient dans la capitale et les provinces de l’empire grec ; et les traités des deux nations garantissaient la personne, les biens et les priviléges du négociant russe[1].

Expéditions navales des Russes contre Constantinople.

Mais bientôt on abusa, pour le malheur du genre humain, d’une communication ouverte pour son

    accompagne cet ouvrage ne se trouve pas dans mon exemplaire.

  1. Nestor, apud Lévesque, Hist. de Russie, t. I, p. 78-80. Les Russes se rendaient, dit-on, du Dniéper ou du Borysthène, dans la Bulgarie Noire, la Chozarie et la Syrie. Dans la Syrie ! Et comment, à quelle époque et en quel port de la Syrie ? Au lieu de Συρια, ne peut-on pas lire Συανια (De administ. imper., c. 42, p. 113) ? Le changement est léger. La situation de la Suanie, entre la Chozarie et la Lazique, explique tout, et on employait encore ce nom au onzième siècle (Cedrenus, t. II, p. 770).