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Scandinaves eut acquis de la stabilité, ils se mêlèrent aux familles des Russes, ils adoptèrent leur religion et leur langage, et Waladimir Ier eut la gloire de délivrer son pays de ces mercenaires étrangers. Ils l’avaient placé sur le trône, ses richesses ne suffisaient pas à leurs demandes ; mais ils se laissèrent persuader par lui de chercher un maître non pas plus reconnaissant, mais plus riche, et de s’embarquer pour la Grèce où leur valeur trouverait pour récompense, non des peaux d’écureuils, mais de l’or et de la soie. Sur ces entrefaites, le prince russe avertit l’empereur de Byzance, son allié, de disperser, d’occuper, de récompenser et de contenir ces impétueux enfans du Nord. Les auteurs contemporains rapportent l’arrivée des Varangiens qu’ils désignent par leur nom et dont ils font connaître le caractère : ils obtinrent chaque jour plus d’estime et de confiance ; on les rassembla à Constantinople, et on les chargea de la garde du palais ; ils furent renforcés par une bande nombreuse de leurs compatriotes, les habitans de l’île de Thulé : c’est à l’Angleterre que s’applique, dans cette occasion, le nom de Thulé, dénomination vague et générale ; et les nouveaux Varangiens étaient une colonie d’Anglais et de Danois qui avaient fui le joug des Normands. L’habitude des migrations et de la piraterie avait rapproché les diverses contrées de la terre : ces exilés furent accueillis à la cour de Byzance ; ils y conservèrent jusqu’aux dernières années de l’empire une loyauté sans lâche, et l’usage de la langue danoise ou an-