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saires. Leur supériorité dans les armes, leur discipline et leur célébrité inspiraient la crainte et le respect aux naturels du pays. Lorsque ceux-ci firent la guerre aux sauvages établis plus avant dans l’intérieur des terres, les Varangiens consentirent à combattre avec eux en qualité d’alliés et d’auxiliaires, et par choix ou par conquête, parvinrent insensiblement à dominer un peuple qu’ils étaient en état de protéger. Leur tyrannie les fit chasser, le besoin de leur valeur força à les rappeler, jusqu’à ce qu’enfin Ruric, chef Scandinave, devînt le fondateur d’une dynastie qui régna plus de sept cents ans : [A. D. 862.]ses frères étendirent son pouvoir, ses compagnons s’empressèrent de même de seconder et d’imiter son usurpation dans les provinces méridionales de la Russie ; et leurs divers établissemens consolidés, selon l’usage, par la guerre et les assassinats, se réunirent enfin en une puissante monarchie.

Les Varangiens de Constantinople.

Les descendans de Ruric furent regardés long-temps comme des étrangers et des conquérans ; ils gouvernaient alors avec le glaive des Varangiens ; ils donnaient des domaines et des sujets à leurs fidèles capitaines ; et de nouveaux aventuriers venaient des côtes de la Baltique augmenter le nombre de leurs partisans[1] ; mais lorsque l’établissement des chefs

  1. Cependant, en l’an 1018, Kiow et la Russie étaient encore défendues, ex fugitivorum servorum robore, confluentium et maxime Danorum. Bayer, qui cite (p. 292) la Chronique de Dithmar de Mersebourg, observe que les Allemands ne servaient guère dans les troupes étrangères.