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qui tombe dans le Danube, tournèrent les derrières de l’armée chrétienne, pillèrent le bagage et mirent en désordre les légions de la Bohême et de la Souabe. Les Franconiens rétablirent le combat ; leur duc, le brave Conrad, fut percé d’un trait dans un moment où il s’était retiré du champ de bataille pour goûter quelque repos. Les Saxons combattirent sous les yeux de leur roi, et sa victoire surpassa, par ses difficultés et par ses suites, les triomphes des deux derniers siècles. Les Hongrois perdirent encore plus de monde dans la fuite que dans l’action ; ils étaient environnés des fleuves de la Bavière, et leurs cruautés passées ne leur laissaient aucun espoir de miséricorde. Trois de leurs princes tombés entre les mains des vainqueurs furent pendus à Ratisbonne ; on mutila ou on égorgea les autres prisonniers ; et les fuyards qui osèrent retourner auprès de leurs compatriotes, y vécurent pauvres et déshonorés[1]. Cependant cet échec avait abattu le courage et l’orgueil de la nation : on fortifia d’un fossé et d’un rempart les passages les plus accessibles de la Hongrie. L’adversité inspira à ce peuple des pensées de modération et de paix : les dévastateurs de l’Occident se soumirent à mener une vie sédentaire, [A. D. 972.]et un prince éclairé apprit à la génération suivante tout ce qu’elle pouvait gagner par la culture et l’échange des productions d’un sol fertile. La race primitive, le sang turc ou finnique se mêla à de nouvelles colonies

  1. Katona, Hist. ducum Hungar., p. 500, etc.