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ment leur religion et leur pays, et les forces de toute la nation se rassemblèrent dans la plaine d’Augsbourg : elles marchèrent et combattirent en huit légions, selon le nombre des provinces et des tribus ; la première, la seconde et la troisième étaient composées de Bavarois ; la quatrième, de Franconiens ; la cinquième, de Saxons commandés par leur monarque ; la sixième et la septième, d’habitans de la Souabe ; et la huitième, composée de mille Bohémiens, faisait l’arrière-garde de l’armée. Les moyens de la superstition qui, en pareil cas, peuvent être regardés comme honorables et salutaires, s’unirent aux ressources de la discipline et de la valeur ; les soldats se purifièrent par le jeûne ; le camp fut rempli des reliques des saints et des martyrs ; le héros chrétien ceignit l’épée de Constantin, s’arma de l’invincible lance de Charlemagne, et fit flotter dans les airs la bannière de saint Maurice, préfet de la légion thébaine. Mais il comptait en particulier sur la sainte lance[1], dont la pointe avait été forgée avec les clous de la vraie croix, et que son père avait arrachée au roi de Bourgogne en le menaçant de la guerre et en lui donnant une province. On croyait que les Hongrois attaqueraient de front ; mais ils passèrent secrètement le Lech, rivière de la Bavière

  1. Voyez Baronius, Annal, eccles., A. D. 929, nos 2-5. Luitprand (l. IV, c. 12), Sigebert et les Actes de saint Gérard, témoignages très-dignes de foi, parlent de la lance de Jésus-Christ ; mais ce que j’ai dit des autres reliques n’est fondé que sur les Gesta Anglorum post Bedam, l. II, c. 8.