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les voleurs dans le nombre des contribuables et dans le titre du métal. Du côté de l’Orient, les Hongrois eurent à combattre à forces égales et avec un succès douteux, les Bulgares, à qui leur religion ne permettait pas de s’allier à des païens, et qui, par leur position, servaient de barrière à l’empire de Byzance. [A. D. 924.]Cette barrière fut renversée ; l’empereur de Constantinople vit flotter devant ses yeux les drapeaux des Turcs, et un de leurs plus audacieux guerriers osa frapper la porte d’or d’un coup de sa hache de bataille. L’adresse et les trésors des Grecs détournèrent l’assaut ; mais les Hongrois purent se vanter d’avoir assujetti à un tribut la valeur de la Bulgarie et la majesté des Césars[1]. Les opérations de cette campagne furent si rapides et d’une telle étendue, qu’elles exagèrent à nos yeux la force et le nombre des Turcs ; mais leur courage n’en mérite que plus d’éloges, car un corps de trois ou quatre cents cavaliers

  1. Les Annales de Hongrie et de Russie supposent qu’ils assiégèrent, attaquèrent ou du moins insultèrent Constantinople (Pray, Dissert. 10, p. 239 ; Katona, Hist. ducum., p. 354-360), et les historiens de Byzance (Leo grammaticus, p. 506 ; Cedrenus, t. II, p. 629) conviennent presque de ce fait ; mais Katona, et même le notaire de Bela, le contestent ou le révoquent en doute, quoiqu’il soit glorieux pour leur nation. Leur scepticisme est digne d’éloges : sans doute ils ne pouvaient ni copier ni adopter les rusticorum fabulas ; mais Katona aurait dû faire attention au témoignage de Luitprand ; Bulgarorum gentem atque Græcorum tributariam fecerant (Hist., l. II, c. 4, p. 435).