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et la manière de faire la guerre de toutes les peuplades qui se trouvent au même degré de civilisation : j’ajouterai que les Hongrois devaient à la pêche et à la chasse une partie de leur subsistance, et que, puisqu’on a observé qu’ils cultivaient rarement la terre, il faut que du moins dans leurs nouveaux établissemens ils aient tenté quelques informes et légers essais d’agriculture. Dans leurs migrations, et peut-être dans leurs expéditions guerrières, on voyait à la suite de l’armée des milliers de moutons et de bœufs qui formaient un nuage de poussière effrayant, et entretenaient dans la horde une salutaire et constante abondance de lait et de nourriture animale. Le premier soin du général était pour l’abondance des fourrages ; et dès que les troupeaux étaient assurés de leur pâture, les guerriers, pleins de courage, devenaient insensibles au danger et à la fatigue. La confusion de leur camp, où, sur un vaste espace, les hommes et le bétail étaient dispersés pêle-mêle, aurait pu les exposer à des surprises nocturnes, si les alentours n’eussent été gardés par leur cavalerie légère, toujours en mouvement pour épier et différer l’approche de l’ennemi. Après avoir fait quelques expériences des usages militaires des Romains, ils adoptèrent l’épée et la lance, le casque du soldat et l’armure du cheval ; mais l’arc usité dans la Tartarie fut toujours leur arme principale. Leurs enfans et leurs esclaves étaient exercés dès leurs premières années à lancer le trait et à manier un cheval ; leur bras était vigoureux et leur