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et la faiblesse de leur administration firent sentir la nécessité du gouvernement plus simple et plus vigoureux d’un seul. Le sceptre refusé par le modeste Lebedias fut accordé à la naissance et au mérite d’Almus et de son fils Arpad : le peuple jura d’obéir à son prince, le prince jura de consulter le bonheur et la gloire de son peuple, et l’autorité du suprême khan des Chazares confirma cet engagement.

Leur origine finnique.

Ces détails pourraient suffire, si la pénétration des savans modernes n’avait pas ouvert à nos regards un nouveau et plus vaste champ de connaissances sur l’histoire des anciens peuples. La langue des Hongrois se distingue seule et comme une langue isolée parmi les dialectes esclavons ; mais elle a une affinité sensible et intime avec les idiomes de la race finnique[1] ; peuple sauvage qu’on ne connaît plus et qui occupait autrefois les régions septentrionales de l’Asie et de l’Europe. Leur dénomination primitive de Ugri ou Igours se retrouve sur la frontière occidentale de la Chine[2] ; des monumens tartares prou-

  1. Fischer (Quæstiones petropolitanæ, de origine Hungrorum) et Pray (Dissert. 1, 2, 3, etc.) ont donné plusieurs Tables de comparaison de la langue des Hongrois avec les dialectes finniques. L’affinité est frappante, mais les listes sont courtes, les mots qu’on y trouve ont été choisis à dessein, et je lis dans le savant Bayer (Comment. acad. Petropol., t. X, p. 374), que bien que la langue des Hongrois ait adopté un grand nombre de mots finniques (innumeras voces), elle diffère toto genio et naturâ.
  2. Dans la région de Turfan, que les géographes chi-