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Bulgares surprirent son camp, et l’empereur, ainsi que les grands officiers de l’empire, furent massacrés dans leurs tentes. Le corps de Valens n’avait point essuyé d’outrages : la tête de Nicéphore fut exposée sur une pique, et son crâne enchâssé dans de l’or fut souvent rempli de vin au milieu des orgies de la victoire. Les Grecs déplorèrent l’humiliation du trône, mais ils reconnurent la juste punition de l’avarice et de la cruauté. La coupe dont on vient de parler annonçait toute la barbarie des Scythes ; mais avant la fin de ce même siècle, ces mœurs sauvages furent adoucies par un commerce paisible avec les Grecs, la possession d’un pays cultivé, et l’introduction du christianisme ; les nobles de Bulgarie furent élevés dans les écoles et le palais de Constantinople, et Siméon[1], jeune prince de la famille royale, fut instruit dans la rhétorique de Démosthènes et la logique d’Aristote. [A. D. 888, 927 ou 932.]Il quitta la vie monastique pour les fonctions de roi et de guerrier ; et sous son règne, qui fut de plus de quarante ans, les Bulgares prirent leur place parmi les puissances du monde civilisé. Les Grecs, qu’il attaqua à diverses reprises, cherchèrent à s’en consoler en l’accablant des reproches de perfidie et de sacrilége. Ils achetèrent les secours

  1. Simeonem semi-Græcum esse aiebant, eo quod à pueritiâ Byzantii Demosthenis rhetoricam et Aristotelis syllogismos didicerat (Luitprand, l. III, C 8). Il dit dans un autre endroit, Simeon, fortis bellator, Bulgariæ præerat ; christianus sed vicinis Græcis valde inimicus (l. I, c. 2).