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nait toujours sur la base solide de la discipline et de la valeur. Ils gouvernaient l’Égypte, l’Arabie, la Nubie et la Syrie ; les mamelucks, composés originairement de huit cents hommes de cavalerie, se multiplièrent jusqu’au nombre de vingt-cinq mille. Ils avaient à leurs ordres cent sept mille hommes de milice provinciale, et pouvaient compter dans l’occasion sur le secours de soixante-six mille Arabes[1]. Avec des forces si considérables, des princes courageux ne pouvaient pas souffrir long-temps sur leurs côtes une nation indépendante et ennemie ; et si l’expulsion des Francs fut différée durant près de quarante années, ils durent ce demi-siècle d’existence aux embarras d’un empire mal affermi, à l’invasion des Mongouls et aux secours qu’ils reçurent de quelques pèlerins guerriers. Dans ce nombre, le lecteur anglais remarquera le nom d’Édouard Ier, qui prit la croix durant la vie de son père Henri. À la tête de mille soldats, le futur conquérant du pays de Galles et de l’Écosse fit lever le siége d’Acre, s’avança jusqu’à Nazareth à la tête de neuf mille hommes, rivalisa la gloire de son oncle Richard, força par ses ex-

    præsertim quod fini propius, reperies illud bellis, pugnis, injuriis ac rapinis refertum (Al-Jannabi, ap. Pococke, p. 31). Le règne de Mohammed (A. D. 1311-1341) offre une heureuse exception. (De Guignes, t. IV, p. 208-210.)

  1. Ils sont à présent réduits à huit mille cinq cents ; mais la dépense de chaque mameluck peut être évaluée à cent louis, et l’Égypte gémit de l’avarice et de l’insolence de ces étrangers (Voyages de Volney, t. I, p. 89-187).