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Sa mort devant Tunis, dans la septième croisade. A. D. 1270. Août 25.

Après seize ans de sagesse et de repos, le souvenir de sa défaite excita Saint-Louis à entreprendre dans la septième et dernière des croisades. Ses finances étaient rétablies, ses états augmentés, et il s’était élevé une nouvelle génération de guerriers. Il s’embarqua avec une nouvelle confiance à la tête de six mille cavaliers et de trente mille hommes d’infanterie. La perte d’Antioche avait déterminé cette expédition, et le bizarre espoir de faire recevoir le baptême au roi de Tunis engagea le monarque français à cingler vers la côte d’Afrique ; le bruit répandu qu’on y célait d’immenses trésors, consola les soldats du retard apporté à leur pèlerinage. Au lieu de trouver un prosélyte, il fallut faire un siége. Les Français, trompés dans leur attente, périssaient au milieu des sables brûlans ; Saint-Louis expira dans sa tente, et à peine était-il mort que son successeur donna le signal de la retraite[1]. « C’est ainsi, dit un ingénieux écrivain, qu’un roi chrétien mourut près des ruines de Carthage, en faisant la guerre aux musulmans dans un pays où Didon avait introduit les divinités de la Syrie[2]. »

Les Mamelucks d’Égypte. A. D. 1250-1517.

On ne peut inventer une constitution plus tyrannique et plus absurde que celle qui condamne toujours une nation à la servitude sous le

  1. Voyez l’expédition dans les Annales de Saint-Louis ; par Guillaume de Nangis (p. 270-287), et les Extraits arabes (p. 545-555, édition de Joinville, du Louvre).
  2. Voltaire, Hist. génér., t. II, p. 391.