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son voyage au ciel. Le clergé se récria contre cette tolérance scandaleuse ; les musulmans, se trouvant les plus faibles, furent insensiblement expulsés ; et tout ce qu’on avait pu raisonnablement se proposer pour but dans les expéditions des croisades, fut accompli sans verser de sang. Les églises se rétablirent, des moines repeuplèrent les couvens, et, en moins de quinze années, Jérusalem compta six mille Latins parmi ses habitans. [Invasion des Carizmiens. A. D. 1243.]L’irruption des sauvages Carizmiens[1] mit à cet état de paix et de prospérité, dont les Latins s’étaient montrés si peu reconnaissans envers celui qui le leur avait procuré. Chassés des bords de la mer Caspienne par les Mongouls, ces pâtres se précipitèrent sur la Syrie, et l’union des Francs avec les sultans d’Alep, d’Hems et de Damas, ne suffit point pour repousser leur irruption. La mort ou la captivité étaient le prix de la résistance ; une seule bataille extermina presque totalement les ordres militaires. Le pillage de la ville, et la profanation du Saint-Sépulcre, firent avouer et regretter aux Francs la discipline et l’humanité des Turcs et des Sarrasins.

Saint Louis et la sixième croisade. A. D. 1254.

Les sixième et septième croisades furent entreprises par Louis IX, roi de France, qui perdit sa liberté en Égypte, et sa vie sur la côte d’Afrique. Rome le canonisa vingt-huit ans après sa mort, et on découvrit

  1. L’irruption des Carizmiens ou Corasmins est rapportée par Matthieu Paris (p. 546, 547) et par Joinville, Nangis, et les Arabes (p. 111, 112, 191, 192, 528-530).