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salem en triomphe ; et de ses propres mains, car aucun prêtre ne voulut en faire l’office, il prit la couronne sur l’autel du Saint-Sépulcre. Mais le patriarche jeta un interdit sur l’église profanée par sa présence ; et les chevaliers du Temple et de l’Hôpital prévinrent le sultan du moment où Frédéric pouvait être surpris et tué sur les bords du Jourdain, où il se rendait faiblement accompagné. Environné de fanatiques et de factieux, il lui était impossible de prétendre à des victoires, et difficile de pourvoir à sa propre sûreté. Mais les discussions des mahométans et leur estime particulière pour Frédéric lui procurèrent un traité de paix avantageux. L’ennemi de l’Église fut accusé d’avoir entretenu avec les mécréans des liaisons d’amitié indignes d’un chrétien, d’avoir méprisé la stérilité du sol, et d’avoir eu l’impiété de dire que si Jehovah eût connu le royaume de Naples, il n’aurait pas choisi la Palestine pour l’héritage de son peuple chéri. Cependant Frédéric obtint du sultan la restitution de Jérusalem, Bethléem, Nazareth, Tyr et Sidon ; les Latins eurent la liberté d’habiter et de fortifier la ville. Les disciples de Jésus et de Mahomet convinrent de s’accorder réciproquement la liberté civile et religieuse ; et tandis que les uns officiaient dans l’église du Saint-Sépulcre, les autres pouvaient prier et prêcher dans la mosquée du temple[1], d’où le prophète partit durant la nuit pour

  1. Le clergé confondit artificieusement la mosquée ou l’église du temple avec le Saint-Sépulcre, et cette erreur volontaire a trompé Vertot et Muratori.