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sujet peu digne du même travail que l’histoire de ces essaims de peuples sauvages qui, dans l’intervalle du septième au douzième siècle, descendirent des plaines de la Scythie, soit en torrens passagers ou par une suite de migrations[1]. Leurs noms sont barbares ; leur origine est incertaine ; on n’est instruit de leurs actions que d’une manière confuse ; gouvernés par une superstition aveugle et conduits par une valeur brutale, ils n’offraient dans la monotonie de leur vie publique et de leur vie privée ni la douceur de l’innocence, ni les lumières de la politique. Leurs attaques désordonnées vinrent échouer contre le trône de Byzance ; la plus grande partie de ces hordes a disparu sans laisser de traces, et leurs misérables restes gémissent et gémiront peut-être encore long-temps sous le joug d’un tyran étranger. Je me bornerai à choisir dans les antiquités 1o. des Bulgares, 2o. des Hongrois, et 3o. des Russes, les traits qui méritent d’être conservés ; l’histoire 4o. des conquêtes des Normands, et 5o. de la monarchie des TURCS, me conduira naturellement aux mémorables croisades de la Terre-Sainte et à la

  1. Le laborieux Jean Gotthelf Stritter a compilé, rédigé et traduit en latin tous les passages de l’histoire Byzantine qui ont rapport aux Barbares, dans ses Memoriæ populorum, ad Danubium, Pontum-Euxinum, Paludem Mæotidem, Caucasum, mare Caspium, et inde magis ad septentriones incolentium, Petropoli, 1771-1779, 4 tomes ou 6 volume in-4o ; mais il n’a pas relevé, par le mérite du travail, la valeur de ces indigestes matériaux.