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Richard d’Angleterre dans la Palestine. A. D. 1191, 1192.

Philippe-Auguste et Richard Ier sont les deux seuls rois de France et d’Angleterre qui aient jamais combattu sous les mêmes drapeaux : mais la jalousie nationale nuisait continuellement à l’intérêt de la sainte guerre qu’ils avaient entreprise ; et les deux factions qu’ils protégeaient dans la Palestine étaient plus animées l’une contre l’autre, que contre l’ennemi commun. Les Orientaux considéraient le roi de France comme supérieur en puissance et en dignité ; et en l’absence de l’empereur les Latins le reconnaissaient pour leur chef[1]. Ses exploits furent au-dessous de sa renommée ; Philippe était brave, mais l’homme d’état dominait dans son caractère. Il se lassa bientôt de sacrifier ses intérêts et sa santé sur une côte stérile, et la prise d’Acre fut le signal de son départ ; il laissa dix mille soldats et cinq cents chevaliers sous les ordres du duc de Bourgogne pour la défense de la Terre-Sainte, ce qui ne lui fit pas pardonner sa désertion. Le roi d’Angleterre, quoique inférieur en dignité, surpassait son rival en

    paucissimi redierunt. Parmi les chrétiens qui périrent devant Acre, je trouve les noms anglais de Ferrers, comte de Derby (Dugdale, Baronnage, part. I, p. 260), Mowbray (idem, p. 124), de Mandevil, de Fiennes, et Saint John, Scrope, Pigot, Talbot, etc.

  1. Magnus hic apud eos, interque reges eorum tum virtute, tum majestate eminens… summus rerum arbiter (Bohadin, p. 159). Il ne semble pas qu’il ait connu les noms de Philippe ou de Richard.