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on avait fait une église, fut de nouveau consacrée à un seul Dieu et à Mahomet son prophète. Les pavés et les murs furent purifiés avec de l’eau rose, et l’on plaça dans le sanctuaire une chaire faite des mains de Noureddin. Mais, lorsqu’on vit renverser et traîner dans les rues la croix d’or, qui éclatait sur le dôme, les chrétiens de toutes les sectes poussèrent un lamentable gémissement auquel répondirent les joyeuses acclamations des musulmans. Le patriarche avait rassemblé dans quatre coffres d’ivoire les croix, les images, les vases et les reliques de la sainte cité ; le sultan s’en saisit dans l’intention de présenter au calife ces trophées de l’idolâtrie chrétienne. Il consentit cependant à les confier au patriarche et au prince d’Antioche, et ces gages sacrés furent rachetés par Richard d’Angleterre au prix de cinquante-deux mille byzans d’or[1].

Troisième croisade par mer. A. D. 1188.

Les différentes nations pouvaient craindre ou espérer l’expulsion prochaine et totale des chrétiens de la Syrie, qui ne fut cependant accomplie que plus d’un siècle après la mort de Saladin[2]. La

  1. Pour la conquête de Jérusalem, Bohadin (p. 67-75) et Abulféda (p. 40-43) sont nos autorités mahométanes. Dans le nombre des écrivains chrétiens, Bernard-le-Trésorier (c. 151-167) est le plus abondant en détails et le plus authentique. (Voyez aussi Matthieu Paris, p. 120-124.)
  2. On trouve d’amples détails sur les siéges d’Acre et de Tyr dans Bernard-le-Trésorier (De acquisit. Terræ Sanctæ, c. 167-179) ; dans l’auteur de l’Hist. Hieros.