Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/431

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on ne doit pas oublier d’ailleurs que les chrétiens avaient offert de capituler, que les mahométans obstinés soutinrent le siége jusqu’à l’extrémité, et que la ville fut emportée d’assaut. On doit, à la vérité, rendre justice à l’exactitude avec laquelle le sultan exécuta les conditions du traité ; et il mérite d’être loué du regard de compassion qu’il jeta sur la misère des vaincus. Au lieu d’exiger rigoureusement sa dette, il accepta une somme de trente mille bysans pour la rançon de sept mille pauvres, et en délivra deux ou trois mille gratuitement. Le nombre des esclaves se réduisit à onze ou au plus à quatorze mille personnes. Dans son entrevue avec la reine, Saladin consola l’infortune de cette princesse par ses discours et même par ses larmes ; il distribua libéralement des aumônes aux veuves et aux orphelins qu’avait faits la guerre ; et tandis que les chevaliers de l’Hôpital combattaient contre lui, le vainqueur compatissant permit à ceux de leurs frères qui, plus vraiment pieux, s’occupaient du service des malades, de continuer leurs soins durant une année. Ces actes de clémence et de vertu méritent l’amour et l’admiration des hommes. Rien n’obligeait Saladin à feindre, et son rigoureux fanatisme l’aurait engagé plutôt à dissimuler qu’à affecter une coupable compassion pour les ennemis du Koran. Lorsque Jérusalem eut été délivrée de la présence des étrangers, le sultan fit son entrée triomphante au son d’une musique guerrière et ses étendards déployés devant lui, La grande mosquée d’Omar, dont