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fendent encore contre la Porte ottomane l’antique liberté qu’ils maintinrent malgré les efforts des successeurs de Cyrus. L’indigence et l’ambition leur firent embrasser la profession de soldats mercenaires ; le règne du grand Saladin fut préparé par les services militaires de son père et de son oncle[1], et le fils de Job ou Ayub, simple Curde, était assez grand pour sourire de sa généalogie, que la flatterie faisait remonter aux califes arabes[2]. Noureddin prévoyait si peu la ruine prochaine dont sa maison était menacée, qu’il força le jeune Saladin de suivre en Égypte son oncle Shiracouh. La défense d’Alexandrie avait établi sa réputation militaire ; et, si nous pouvons en croire les Latins, il sollicita et reçut du général des chrétiens les honneurs profanes de la chevalerie[3]. À la mort de Shiracouh, Saladin, le

  1. Nous devons au professeur Schultens les matériaux les plus précieux et les plus authentiques ; une Vie de Saladin, composée par son ministre et son ami, le cadi Bohadin, et de nombreux Extraits de l’histoire composée par son parent, le prince Abulféda de Hamah, auxquels nous pouvons ajouter l’article Salahaddin dans la Bibliothéque orientale, et tout ce qu’il est possible de tirer des Dynasties d’Abulpharage.
  2. Puisque Abulféda était lui-même un Ayoubite, il doit partager le mérite d’avoir imité, au moins tacitement, la modestie du fondateur.
  3. Hist. Hieros., dans les Gesta Dei per Francos, p. 1152. On peut trouver un exemple semblable dans Joinville (p. 42, édit. du Louvre) ; mais le pieux S. Louis refusa aux infi-