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de son sort : ses trésors assurèrent l’obéissance des soldats et firent cesser les murmures des sectaires ; et dans aucune[1] des révolutions suivantes, les Égyptiens ne se sont écartés de la tradition orthodoxe des musulmans.

Règne et caractère de Saladin. A. D. 1171-1193.

Les collines situées au-delà du Tigre sont occupées par les Curdes, tribus de patres hardis[2], vigoureux, sauvages, indociles, adonnes au brigandage et opinâtrément attachés au gouvernement de leurs chefs nationaux. La ressemblance du nom, de la situation et des mœurs nous autorisent à penser que ce sont les Carduchiens des Grecs[3], et ils dé-

  1. Relativement à cette grande révolution d’Égypte, voyez Guillaume de Tyr (l. XIX, 5, 6, 7, 12, 13 ; XX, 5-12), Bohadin (in vit. Saladin., p. 30-39), Abulféda (in excerpt. Schultens, p. 1-12), d’Herbelot (Bibl. orient., Adhed, Fathema, mais fort peu correct), Renaudot (Hist. patr. Alex., p. 522-525, 532-537), Vertot (Hist. des chevaliers de Malte, t. I, p. 141-163, in-4o) et M. de Guignes (t. II, part. II, p. 185-215).
  2. Pour les Curdes, voyez de Guignes, t. I, p. 416, 417 ; l’Index géographique de Schultens, et Tavernier, Voyages, part. I, p. 308, 309. Les Ayoubites descendaient de la tribu des Rawadiæi, une des plus nobles ; mais comme elles étaient infectées de l’hérésie de la métempsycose, les sultans orthodoxes insinuèrent qu’ils ne tiraient leur origine des Curdes que par leur mère, qui avait épousé un étranger établi parmi eux.
  3. Voyez le quatrième livre de l’Anabasis de Xénophon ; les dix mille furent plus maltraités par les flèches des Carduchiens que par tout le reste de l’armée du grand roi.