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Le rapport qu’il fit de la richesse du pays, de la mollesse des habitans et de leurs discordes, ranima l’espoir de Noureddin. Le calife de Bagdad applaudit à son pieux dessein, et Shiracouh descendit une seconde fois dans l’Égypte avec douze mille Turcs et onze mille Arabes. Cependant ces forces se trouvèrent encore inférieures aux armées confédérées des Francs et des Sarrasins ; et il me semble que son passage du Nil, sa retraite dans la Thébaïde, ses évolutions à la bataille de Babain, la surprise d’Alexandrie, ses marches et ses contremarches dans les plaines et les vallées de l’Égypte, depuis le tropique jusqu’à la mer, indique un degré supérieur et nouveau d’intelligence militaire. La valeur de ses troupes seconda son habileté, et à la veille d’une action un mameluck s’écria[1] : « Si nous ne pouvons pas délivrer l’Égypte de ces chiens de chrétiens, pourquoi ne renonçons-nous pas aux honneurs et aux récompenses que promet le sultan ? Pourquoi n’allons-nous pas labourer la terre avec les paysans, ou filer avec les femmes dans un harem ? » Cependant, malgré tous ses efforts[2], malgré la belle dé-

  1. Mamluc, plur. Mamalic. Pococke (Proleg. ad Abulpharage, p. 7), d’Herbelot (p. 545) le définissent par servum emptitium, seu qui pretio numerato in Domini possessionem cedit. Ils se présentent souvent dans les guerres de Saladin (Bohadin, p. 236, etc.). Ce furent les Mamelucks Baharties qui furent les premiers introduits en Égypte par ses descendans.
  2. Jacques de Vitry (p. 1116) ne donne au roi de Jéru-