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saient dans leurs harems, retenus par des chaînes de soie, cette pieuse tâche fut entreprise par leurs esclaves, les Atabeks[1], dont le nom turc peut, comme celui des patrices de Byzance, se traduire par père du prince. Le vaillant Turc Ascanzar avait été le favori de Malek Shaw, dont il obtint le privilége de se tenir à la droite de son trône ; mais dans les guerres civiles qui suivirent la mort du prince, il perdit son gouvernement d’Alep et la vie. [Zenghi. A. D. 1127-1145.]Les fidèles émirs qui lui avaient été soumis persistèrent dans leur attachement pour son fils Zenghi, qui fit ses premières armes contre les Francs à la défaite d’Antioche. Trente campagnes au service du calife et des sultans établirent sa renommée militaire ; et il obtint le commandement de Mosul, comme le seul champion qui pût venger et défendre la cause du prophète. Zenghi ne trompa point l’espoir de sa nation ; après un siége de vingt-cinq jours, il prit d’assaut la ville d’Édesse, et chassa les Francs de toutes leurs conquêtes au-delà de l’Euphrate[2]. Le souverain

  1. Voyez la Chronologie des Atabeks d’Irak et de Syrie, dans de Guignes, t. I, p. 254, et les règnes de Zenghi et de Noureddin dans le même auteur (t. II, part. II, p. 147-221), qui se sert du texte arabe de Benelathir, Ben-Schounah et Abulféda ; la Bibliothéque orientale, sous les articles Atabeks et Nourreddin, et les Dynasties d’Abulpharage, p. 250-267, vers. Pococke.
  2. Guillaume de Tyr (l. XVI, c. 4, 5-7) rend compte de la prise d’Édesse et de la mort de Zenghi. La corruption de son nom, que l’on transforma en Sanguin, fournit aux