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et par l’aveuglement de ses ennemis, il s’échappa au point du jour ; et, presque seul, il rejoignit son avant-garde. N’osant plus poursuivre son expédition par terre, il se trouva heureux de pouvoir rassembler en sûreté les débris de son armée dans le port allié de Satalie, d’où il s’embarqua pour Antioche. Mais les Grecs lui fournirent un si petit nombre de vaisseaux, qu’il ne put emmener que les nobles et les chevaliers. La malheureuse infanterie périt abandonnée au pied des montagnes de la Pamphilie. L’empereur et le roi s’embrassèrent et pleurèrent ensemble à Jérusalem. Ils joignirent leurs troupes aux forces des chrétiens de la Syrie, et les derniers efforts de la seconde croisade vinrent se briser sans succès sous les murs de Damas. Conrad et Louis s’embarquèrent pour l’Europe avec une grande réputation personnelle de courage et de piété. Mais les Orientaux avaient bravé la puissance de ces monarques, dont le nom et les forces militaires les menaçaient depuis long-temps[1]. Peut-être auraient-ils dû redouter d’avantage Frédéric Ier et son expérience acquise en Asie sous son oncle Conrad. Quarante campagnes en Allemagne et en Italie lui avaient appris à commander ; et sous son règne ses sujets,

  1. Les originaux des histoires françaises de la seconde croisade sont, Gesta Ludovici VII, publiés dans le quatorzième volume de la collection de Duchesne. Ce même volume contient plusieurs lettres originales du roi, de Suger son ministre, etc. ; ce sont les documens les plus authentiques que nous fournisse l’histoire.