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renommée. On voyait à leur tête les bannières des ducs de Bourgogne, de Bavière et d’Aquitaine : le premier descendait de Hugues Capet, et le second fut la tige de la maison de Brunswick. L’archevêque de Milan, prince temporel, emporta les richesses de son église et de son palais, dont profitèrent les Turcs ; et les anciens croisés, Hugues-le-Grand et Étienne de Chartres, revinrent achever de remplir le vœu qu’ils n’avaient point accompli. L’immense multitude qui les suivait en désordre s’avançait sur deux colonnes : la première était composée de deux cent soixante mille personnes, et la seconde d’environ soixante mille chevaux et cent mille hommes d’infanterie[1]. Les armées de la seconde croisade auraient pu prétendre à la conquête de toute l’Asie. La noblesse de France et d’Allemagne était animée par la présence de ses souverains ; le mérite personnel de Conrad et de Louis servait, autant que leur rang, à relever l’éclat de leur expédition et à donner aux troupes une discipline que des chefs subordonnés auraient difficilement obtenue. L’empereur et le roi de France conduisaient chacun un corps de cavalerie formidable, composé de soixante-dix mille

  1. Anne, qui fixe le nombre de cette émigration à quarante mille chevaux et cent mille hommes d’infanterie, les appelle des Normands, et met à leur tête deux frères de Flandre. Les Grecs étaient singulièrement ignorans des noms des familles et des possessions des princes latins.