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se dissipa bientôt dans l’exercice des armes. L’avarice, l’orgueil, la corruption de ces moines militaires scandalisèrent bientôt le monde chrétien ; leurs prétentions d’immunité et de juridiction troublèrent l’harmonie de l’Église et de l’état, et la jalousie de leur émulation menaçait sans cesse la tranquillité publique ; mais dans le fort de leurs désordres les chevaliers de l’Hôpital et du Temple conservèrent leur caractère de fanatisme et d’intrépidité ; ils négligeaient de vivre selon les lois du Christ, mais ils étaient toujours prêts à mourir pour son service ; et cette institution transporta du Saint-Sépulcre dans l’île de Malte l’esprit de la chevalerie, cause et effet des croisades[1].

Assises de Jérusalem. A. D. 1099-1369.

L’esprit de liberté qui respire dans les institutions féodales, se faisait sentir avec toute son énergie aux champions volontaires de la croix, qui choisirent parmi leurs chefs le plus digne de les commander. Un modèle de liberté politique s’établit au milieu des esclaves de l’Asie, incapables d’en apercevoir ou d’en suivre l’exemple. Les lois de ce royaume français découlent de la source la plus pure de la justice et de l’égalité. La première et la plus indispensable condition de ces lois est le consente-

  1. Dans les premiers livres de l’Histoire des Chevaliers de Malte, par l’abbé de Vertot, le lecteur peut s’amuser du tableau brillant et quelquefois flatteur de l’ordre, tant qu’il fut employé à la défense de la Palestine. Les livres suivans racontent leur émigration à Rhodes et à Malte.