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comme facile et naturel[1] ; l’autre comme absurde et incroyable[2]. Il a peut-être été appliqué trop rigoureusement aux mêmes personnes et au même moment : l’exemple du vertueux Godefroi réveilla la piété de ses compagnons ; en purifiant leur corps ils purifièrent aussi leur âme, et j’ai peine à croire que les plus ardens au massacre et au pillage aient été les plus édifians à la procession du Saint-Sépulcre.

Élection et règne de Godefroi de Bouillon. A. D. 1099. Juillet 25. A. D. 1100. Juillet 18.

Huit jours après cet événement mémorable, dont la mort du pape Urbain précéda la nouvelle, les chefs latins procédèrent à l’élection d’un roi pour défendre et gouverner les conquêtes de la Palestine. La retraite de Hugues-le-Grand et d’Étienne de Chartres avait nui à leur réputation qu’ils travaillèrent à réparer par une seconde croisade et une mort glorieuse. Baudouin était établi à Édesse, et Bohémond à Antioche ; les deux Robert, le duc de Normandie[3] et le comte de Flandre, préféraient leurs états héréditaires d’Occident à

  1. Histoire d’Angleterre, par Hume, vol. I, p. 311, édit. in-8o.
  2. Essai de Voltaire sur l’Histoire générale, t. II, c. 54, p. 345, 346.
  3. Les Anglais attribuent à Robert de Normandie, et les Provençaux à Raimond de Toulouse, la gloire d’avoir refusé la couronne de Jérusalem ; mais la voix sincère de la tradition a conservé le souvenir de l’ambition et de la vengeance (Villehardouin, no 136) du comte Saint-Gilles ; il mourut au siége de Tripoli, qui fut possédé par ses descendans.