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maladie épidémique. Après avoir passé au fil de l’épée soixante-dix mille musulmans et brûlé les Juifs dans leur synagogue, ils purent encore conserver une multitude de captifs que l’avarice ou la fatigue du carnage leur fit épargner. Tancrède fut le seul de ces féroces héros de la croix qui laissât voir quelques sentimens de compassion : on peut cependant accorder des éloges à la clémence intéressée de Raimond, qui accorda une capitulation et un sauf conduit à la garnison de la citadelle[1]. Le Saint-Sépulcre était enfin libre, et les vainqueurs sanglans se préparèrent à accomplir leur vœu. La tête et les pieds nus, le cœur contrit et dans une humble posture, ils montèrent le Calvaire au milieu des antiennes chantées à haute voix par le clergé ; leurs lèvres se collèrent sur la pierre qui avait couvert le Sauveur du monde, et ils baignèrent de larmes de joie et de pénitence le monument de leur rédemption. Deux philosophes ont considéré différemment ce mélange des passions les plus féroces et les plus tendres ; l’un le regarde

    (Dynast., p. 243), et M. de Guignes (t. II, part. II, p. 99), d’après Aboulmahasen.

  1. L’ancienne tour de Pséphine, appelée Neblosa dans le moyen âge, fut nommée Castellum Pisanum depuis le patriarche Daimbert. Elle est encore la citadelle et la résidence d’un aga turc ; de cette tour on découvre la mer Morte et une partie de la Judée et de l’Arabie (d’Anville, pages 19-23). On l’appela aussi la tour de David, πνργος παμμεγεθεσ‌τατος.