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cune de ses extrémités. Elles ne résistèrent point à la valeur du duc de Normandie, et sa victoire ouvrit le chemin à trois cent mille croisés. Ce dénombrement, en admettant des pertes et des désertions, prouve évidemment une exagération dans la revue de Nicée. Il n’est pas aisé de découvrir dans la description de la ville d’Antioche[1], un terme moyen entre son ancienne magnificence sous les successeurs d’Alexandre et d’Auguste, et l’aspect actuel de cette ville dans l’état de désolation où l’ont réduite les Turcs. La Tétrapolis ou les quatre villes, si elles conservaient leur nom et leur position, devaient laisser de grands vides dans une circonférence de douze milles ; et cette étendue, garnie de quatre cents tours, ne cadre pas parfaitement avec les cinq portes citées si fréquemment dans l’histoire du siége. Antioche devait cependant être encore vaste, peuplée et florissante. Baghisien, vieux général, commandait dans la place à la tête des émirs. Sa garnison consistait en six à sept mille chevaux et quinze à vingt mille hommes d’infanterie. On prétend que cent mille musulmans y périrent par le fer, et ils devaient être inférieurs en nombre aux Grecs, aux Arméniens et aux Syriens, qui n’étaient que depuis

  1. Relativement à Antioche, voyez la Description du Levant, par Pococke, vol. II, part. I, p. 188-193 ; Voyage d’Otter en Turquie, etc, t. I, p. 81, etc. Le géographe turc dans les Notes d’Otter, l’Index géographique de Schultens (ad calcem Bohadin., vit. Saladini), et Abulféda (Tabula Syriæ, p. 115, 116, vers. Reiske).