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Latins put trouver quelque intérêt à la vue de ces armes, de ces équipages étrangers, ainsi qu’à l’aspect nouveau pour eux des chameaux et des dromadaires. La retraite précipitée du sultan prouva l’importance de la victoire ; suivi de dix mille gardes des débris de son armée, Soliman évacua le royaume de Roum, et courut implorer le secours et animer le ressentiment de ses compatriotes d’Orient. [ Marche des croisés dans l’Asie Mineure. Juillet-septembre.]Dans une marche de cinq cents milles, les croisés dans traversèrent les campagnes dévastées et les villes désertes de l’Asie Mineure sans rencontrer ni amis ni adversaires. Le géographe peut tracer[1] la position de Dorylée, d’Antioche, de Pisidie, d’Iconium, d’Archélaïs, de Germanicie, et comparer ces anciennes dénominations aux noms modernes d’Eskishehr la Vieille Cité, Akshehr la Ville Blanche, Cogni, Érekli et Marash. Les pèlerins passèrent dans un désert où un verre d’eau se vendait à prix d’argent ; ils y furent tourmentés d’une soif intolérable, et à la découverte du premier ruisseau ils souffrirent encore plus de leur empressement à étancher leur soif et de leur intempérance à la satisfaire : ils gravirent avec crainte et difficulté les côtes escarpées

  1. Le lecteur curieux peut comparer l’érudition classique de Cellarius et la science géographique de d’Anville. Guillaume de Tyr est le seul écrivain des croisades qui ait quelque connaissance de l’antiquité ; et M. Otter a presque suivi les traces des Francs depuis Constantinople jusqu’à Antioche (Voyage en Turquie et en Perse, t. I, p. 35-88).