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ches et les cris des Ottomans semèrent la terreur et le désordre ; les croisés perdirent la confiance, se rompirent, et le combat inégal se soutenait plus par la valeur personnelle que par l’habileté de Bohémond, de Tancrède et de Robert de Normandie. La vue des bannières de Godefroi, qui accourait à leur secours avec le comte de Vermandois et soixante mille hommes de cavalerie, releva le courage épuisé des soldats, Raimond de Toulouse et l’évêque du Puy arrivèrent bientôt avec le reste de l’armée ; sans prendre un instant de repos, ils formèrent un nouvel ordre de bataille, et commencèrent un second combat. Les Ottomans les reçurent avec intrépidité, et un égal mépris pour les peuples de la Grèce et de l’Asie fit confesser aux deux partis que les Turcs et les Francs méritaient seuls le nom de soldats[1]. Les attaques furent variées et balancées par le contraste des armes et de la discipline, de la charge directe et des évolutions rapides, de la lance incli-

    composés de Mèdes, de Persans et de Chaldéens ; soit. La première attaque a été à notre désavantage ; cela est encore vrai. Mais pourquoi Godefroi de Bouillon et Hugues se traitent-ils de frères ? On donne à Tancrède le nom de filius ; de qui ? Ce n’était sûrement pas de Roger ni de Bohémond.

  1. Verum tamen dicunt se esse de Francorum generatione ; et quia nullus homo naturaliter debet esse miles nisi Turci et Franci (Gesta Francorum, p. 7). Cette origine commune et cette égalité de valeur est également avouée et attestée par l’archevêque Baldric (p. 99).