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et les étoiles du ciel, ne sont que des images imparfaites de ce qu’elle a vu ou entendu, et la fille d’Alexis s’écrie que l’Europe, arrachée de ses fondemens, a été précipitée contre l’Asie. La même incertitude existe encore, relativement au nombre qui composait les anciennes armées de Darius et de Xerxès ; cependant j’incline à croire que jamais jusque alors on n’avait rassemblé, dans l’enceinte d’un seul camp, plus de soldats qu’il ne s’en trouva au siége de Nicée, première opération des princes latins. On connaît déjà leurs motifs, leur caractère et le genre de leurs armes : la plus forte partie de leurs troupes était composée de Français ; ils avaient reçu un renfort puissant de la Pouille et des bords du Rhin ; des bandes d’aventuriers étaient accourues de l’Espagne, de la Lombardie et de l’Angleterre[1] ; et des montagnes de l’Écosse, des marais de l’Irlande étaient sortis quelques sauvages fanatiques, presque nus, féroces chez eux et timides à la guerre[2]. Si la su-

  1. Guillaume de Malmsbury, qui écrivit vers l’année 1130, a inséré dans son Histoire (l. IV, p. 130-154) le récit de la première croisade ; mais j’aurais désiré qu’au lieu de prêter l’oreille aux faibles bruits qui lui parvenaient à traverser l’océan (p. 143), il se fût borné à la relation du nombre, des familles et des aventures de ses compatriotes. Je trouve dans Dugdale qu’un Normand anglais, Étienne, comte d’Albemarle et d’Holdernesse, commandait l’arrière-garde avec le duc Robert à la bataille d’Antioche (Baronage, part. I, p. 61).
  2. Videres Scotorum apud se ferocium, aliàs imbellium cuneos (Guibert, p. 471). Le crus intectum et l’hispida