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murmures des ducs et des comtes ; mais un baron français, qu’on suppose être Robert de Paris[1], osa monter sur le trône et s’y placer à côté d’Alexis. Baudouin lui ayant fait une sage remontrance, il répondit avec impétuosité dans son idiome barbare : « Quel est donc ce mal appris qui prétend rester assis sur son siége, tandis que tant de vaillans capitaines sont debout autour de lui ? » L’empereur garda le silence, dissimula son indignation, et demanda à son interprète l’explication de ce qu’avait dit Robert, quoique, à son geste et à sa contenance, Alexis l’eût, en partie, deviné. Avant le départ des pèlerins, il voulut savoir qui était cet audacieux baron. « Je suis Français, répondit Robert, et de la noblesse la plus pure et la plus ancienne de mon pays. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a dans mon voisinage une église[2] où se rendent ceux qui ont

  1. Il se donna le nom de Φραγγος καθαρος των ευγενων (Alexiad., l. X, p. 301). Quel beau titre de noblesse du onzième siècle pour celui qui pourrait actuellement prouver sa descendance de ce Robert ! Anne raconte visiblement avec plaisir que cet arrogant barbare Λατινσς τετνφωμενος, fut ensuite tué ou blessé en combattant à la première ligne de l’armée à la bataille de Dorylée, l. XI, p. 317. Cette circonstance peut justifier le soupçon de Ducange, qui suppose que l’audacieux baron n’était autre que Robert de Paris, du district appelé le duché ou l’île de France.
  2. Ducange découvre avec la même pénétration que l’église dont parlait le baron, était Saint-Drausus ou Drosin de Soissons. Quem duetto dimicaturi solent invocare : pugiles