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jours dans les contrées sauvages de la Dalmatie[1] et de l’Esclavonie ; le ciel était toujours nébuleux, le pays montueux et stérile. Les habitans prenaient la fuite ou se montraient en ennemis : peu contenus par leur religion ou leur gouvernement, ils refusaient des guides et des provisions, tuaient les traîneurs qu’ils atteignaient, et exerçaient jour et nuit la vigilance du comte, qui tira plus d’avantages de l’exécution de quelques bandits, que de son entrevue et de son traité avec le prince de Scodra[2]. Les paysans et les soldats de l’empereur grec le harcelèrent sans cependant l’arrêter dans sa marche entre Durazzo et Constantinople, et se disposaient à troubler également, par quelques hostilités équivoques, le passage des autres chefs qui s’embarquaient sur la

  1. Les Familiæ dalmaticæ de Ducange sont sèches et imparfaites. Les historiens nationaux sont modernes et fabuleux. Les Grecs sont éloignés et négligens. Dans l’année 1104, Coloman réduisit le pays maritime jusqu’à Trau et Salone (Katona, Hist. crit., t. III, p. 195-207).
  2. Scodra, dans Tite-Live, paraît avoir été la capitale ou la forteresse de Gentius, roi des Illyriens, arx munitissima, et ensuite une colonie romaine (Cellarius, t. I, p. 393, 394) ; elle a pris le nom d’Iscodar ou Scutari (d’Anville, Géogr. ancien., t. I, p. 164) : le Sangiac, aujourd’hui pacha de Scutari ou Scheindeire, était le huitième sous le Beglerbeg de Romanie, et fournissait six cents soldats sur un revenu de soixante-dix-huit mille sept cent quatre-vingt-sept rixdalers. (Marsigli, Stato Militare dell’impero Ottomano, p. 128.)