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nobles beautés ajoutaient par le charme de leur présence à la décoration pompeuse de la lice, et le vainqueur recevait de leurs mains le prix de l’adresse et du courage. La force et l’adresse qu’exigeaient la lutte et le pugilat n’ont que des rapports éloignés et incertains avec le mérite d’un soldat ; mais les tournois, tels qu’ils furent inventés en France et imités dans l’Orient et dans l’Occident, présentent la véritable image des opérations militaires. Les combats particuliers, les escarmouches générales, la défense d’un passage ou d’un château, s’exécutaient comme à la guerre, et le succès dépendait également, dans les deux cas, de l’adresse du guerrier à manier son cheval et sa lance. La lance était l’arme particulière du chevalier ; il combattait sur un grand et lourd cheval, qu’il ne montait ordinairement qu’au moment du danger. Le reste du temps, on le conduisait en main, et le chevalier faisait paisiblement sa route sur un palefroi d’une allure plus commode. La description de son casque, de son épée, de ses cuissards, de son bouclier, etc., serait ici superflue ; j’observerai seulement qu’au temps des croisades, les armures n’étaient pas si pesantes qu’elles le furent dans la suite, et qu’au lieu d’une lourde cuirasse, la poitrine n’était défendue que par un haubert ou cotte de mailles. Après avoir mis sa longue lance en arrêt, le chevalier pressait violemment de l’éperon son cheval de bataille, et s’élançait contre son adversaire. La cavalerie légère des Turcs et des Arabes pouvait rarement soutenir le choc direct et