Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la dette d’un siècle entier par une fustigation de trois cent mille coups. Un grand nombre de pénitens des deux sexes imita son exemple. Et comme il était permis de transporter à un autre le mérite de sa flagellation, un champion vigoureux pouvait expier sur son dos les péchés de tous ses bienfaiteurs[1]. Ces compensations de la bourse et de la personne introduisirent, dans le onzième siècle, un genre de satisfaction plus honorable. Les prédécesseurs d’Urbain II avaient accordé des indulgences à ceux qui prenaient les armes contre les Sarrasins de l’Afrique et de l’Espagne ; ce pontife, dans le concile de Clermont, accorda une indulgence plénière à tous ceux qui s’enrôleraient sous les étendards de la croix. Il leur donna l’absolution de tous leurs péchés, et un acquit général de tout ce qui pouvait rester dû des pénitences canoniques[2]. La froide philosophie de

    combien ce mode d’expiation (Purgatorii genus) était en vogue même parmi les femmes de qualité (sublimis generis).

  1. À un quart de réal, ou même un demi-réal par coup, Sancho Pança n’était pas si cher et peut-être pas plus fripon… Je me rappelle avoir trouvé dans les Voyages d’Italie du père Labat (t. VII, p. 16-29) un tableau frappant de la dextérité d’un de ces artistes.
  2. Quicumque pro solâ devotione, non pro honoris vel pecuniæ adoptione, ad liberandam ecclesiam Dei Jerusalem profectus fuerit, iter illud pro omni pænitentiâ reputetur. (Canon., Concile de Clermont, II, p. 829). Guibert l’appelle novum salutis genus (p. 471), et il traite ce sujet presque en philosophe.