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village de Capernaum, et ne dûrent leur délivrance qu’à la protection vénale de l’émir fatimite. Après avoir visité les saints lieux, ils s’embarquèrent pour l’Italie ; mais des sept mille personnes qui formaient leur suite, deux mille seulement revirent leur patrie. Ingulphe, secrétaire de Guillaume-le-Conquérant, était de ce pèlerinage : il raconte que, de trente cavaliers robustes et bien équipés, dont il faisait partie, et qui avaient quitté la Normandie pour aller dans la Palestine, il ne restait, lorsqu’ils repassèrent les Alpes, que vingt misérables pèlerins à pied, le bourdon à la main et la besace sur le dos[1].

Conquête de Jérusalem par les Turcs. A. D. 1076-1096.

Après la défaite des Romains, la tranquillité des califes fatimites fut troublée par les Turcs[2]. Atsiz le Carizmien, un des lieutenans de Malek-Shah, entra dans la Syrie à la tête d’une puissante armée, et réduisit Damas par le fer et la famine. Hems et les autres villes de la province reconnurent le calife de Bagdad et le sultan de la Perse ; et l’émir victorieux s’avança jusqu’aux bords du Nil sans éprouver de résistance : le fatimite se disposait à se réfugier au centre

  1. Baronius (A. D. 1064, nos 43-56) a copié la plus grande partie des récits originaux d’Ingulphe, de Marianus et de Lambertus.
  2. Voyez Elmacin (Hist. Saracen., p. 349, 350), et Abulpharage (Dynast., p. 237, vers. Pococke). M. de Guignes (Histoire des Huns, tom. III, part. I, p. 215, 216) ajoute les témoignages ou plutôt les noms d’Abulféda et de Novairi.