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il conquit et assura à ses descendans les provinces de l’Empire romain qui s’étendaient d’Erzeroum à Constantinople, et aux régions inconnues de l’Occident[1]. Il passa l’Euphrate avec ses quatre frères : bientôt on vit les tentes des Turcs aux environs du Kutaieh en Phrygie ; et sa cavalerie légère ravagea le pays jusqu’à l’Hellespont et à la mer Noire. Depuis la décadence de l’empire, la péninsule de l’Asie Mineure avait été exposée aux incursions destructives, mais passagères, des Persans et des Sarrasins. Les fruits d’une conquête durable étaient réservés au sultan, et le passage lui fut ouvert par des Grecs qui aspiraient à régner sur les ruines de leur patrie. Le fils d’Eudoxie, prince sans vigueur, avait tremblé six ans sous le poids de la couronne impériale, depuis la captivité de Romanus jusqu’à l’époque où une double rebellion lui fit perdre, dans le même mois, les provinces de l’Orient et de l’Occident. Les deux chefs qui se soulevèrent portaient le même nom de Nicéphore ; mais le prétendant d’Europe se distinguait, par le surnom de Bryennius, du prétendant d’Asie, connu sous celui de Botoniates. Le divan exa-

  1. Dans le récit de la conquête de l’Asie Mineure, M. de Guignes n’a tiré aucun secours des écrivains turcs ou arabes qui se contentent de donner une liste stérile des Seljoucides de Roum. Les Grecs ne veulent pas révéler leur ignominie ; et on est réduit à profiter de quelques mots échappés à Scylitzes (p. 860-863), à Nicéphore Bryennius (p. 88-91, 92, etc., 103, 104), et à Anne Comnène (Alexiad., p. 91, 92, etc., 168, etc.).