Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/246

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le plus grand prince de son siècle. Après avoir réglé le gouvernement de la Perse et de la Syrie, il partit à la tête d’une armée innombrable pour faire la conquête du Turkestan, que son père avait entreprise. Lorsqu’il passa l’Oxus, des bateliers employés au transport de quelques troupes se plaignirent de ce qu’on avait assigné leur solde sur les revenus d’Antioche ; le sultan marqua son mécontentement de cette assignation déplacée, mais il sourit de l’adroite flatterie du visir. « Ce n’était pas, dit-il, pour différer leur salaire que j’ai choisi ces lieux éloignés ; mais pour attester à la postérité que sous votre règne Antioche et l’Oxus obéirent au même souverain. » Au reste, cette fixation des limites des états de Malek était beaucoup trop bornée. Il soumit au-delà de l’Oxus les villes de Bochara, Carizme et Samarcande ; il écrasa tous les rebelles et tous les sauvages indépendans qui osèrent lui résister. Malek passa le Sihon ou Jaxartes, la dernière frontière de la civilisation des Persans. Les hordes du Turkestan se soumirent à son empire ; son nom fut gravé sur les monnaies et répété dans les prières du Cashgar, royaume tartare situé aux confins de la Chine. De cette frontière de la Chine il étendait à l’occident et au midi sa juridiction immédiate ou son autorité de suzerain, jusqu’aux montagnes de la Géorgie, aux environs de Constantinople, à la sainte cité de Jérusalem, et aux bocages parfumés de l’Arabie Heureuse. Au lieu de s’abandonner à la mollesse de son sérail, le roi pasteur ne cessa, soit durant la paix