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apprit que le palais et les provinces s’étaient crus dégagés, envers un captif, de leur serment de fidélité ; il eut peine à ramasser deux cent mille pièces d’or, et il envoya cette partie de sa rançon, en avouant tristement au vainqueur son malheur et son impuissance. La générosité, et peut-être l’ambition du sultan, l’engagèrent à épouser la cause de son allié ; mais la défaite, l’emprisonnement et la mort de Romanus-Diogènes empêchèrent l’exécution de ses projets[1].

Mort d’Alp-Arslan. A. D. 1072.

Il ne paraît pas que dans le traité de paix, Alp-Arslan ait exigé de l’empereur captif de lui céder des provinces ou des villes : les trophées de sa victoire et les dépouilles de l’Anatolie, d’Antioche à la mer Noire, suffirent à sa vengeance. La plus belle partie de l’Asie obéissait à ses lois : douze cents princes ou fils de princes environnaient son trône, et deux cent mille soldats marchaient sous ses étendards. Le sultan ne daigna pas envoyer à la poursuite

  1. Les détails de la défaite et de la captivité de Romanus-Diogènes se trouvent dans Jean Scylitzes (ad calcem Cedreni, t. II, p. 835-843), Zonare (t. II, p. 281-284), Nicéphore Bryennius (l. I, p. 25-32), Glycas (p. 325-327), Constantin Manassès (p. 134), Elmacin (Hist. Saracen., p. 343, 344), Abulpharage (Dynast., p. 227), d’Herbelot (p. 102-103), de Guignes (t. III, p. 207-211). Outre mes anciennes connaissances, Elmacin et Abulpharage, l’historien des Huns a consulté Abulféda et Benschounah, son abréviateur, une Chronique des califes, par Soyourhi, l’Égyptien Abulmahasen, et l’Africain Novairi.