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riades de cavaliers turcs couvrirent une frontière de six cents milles, depuis Tauris jusqu’à Erzeroum, et cent trente mille chrétiens périrent en l’honneur du prophète de l’Arabie ; mais l’Empire grec ne reçut pas, des armes de Togrul, une impression profonde ni durable : le torrent de l’invasion s’éloigna du pays ouvert. Le sultan essaya sans gloire, ou du moins sans succès, le siége d’une ville d’Arménie ; les diverses chances de la fortune, tantôt interrompirent, tantôt renouvelèrent ces obscures hostilités, et la bravoure des légions de Macédoine rappela la gloire du vainqueur de l’Asie[1]. [Règne d’Alp-Arslan. A. D. 1063-1072.]Le nom d’Alp-Arslan, qui signifie le brave lion, exprime le caractère qui, dans les idées communes, constitue la perfection de l’homme, et le successeur de Togrul déploya la fierté courageuse et la générosité de ce roi des animaux. Il passa l’Euphrate à la tête de la cavalerie turque, et entra dans Césarée, métropole

    moines, et les deux derniers des hommes d’état ; cependant tels étaient les Grecs d’alors, qu’on aperçoit à peine quelque différence de style et de caractère. Quant à ce qui regarde les Orientaux, je profite, comme à l’ordinaire, des richesses de d’Herbelot (voyez les articles des premiers Seljoucides), et des recherches exactes de M. de Guignes (Hist. des Huns, t. III, l. X).

  1. ’Εφερετο γαρ εν Το‌υρκοις λογος, ως ειη πεϖρωμενον κατασ‌τραφηναι το Το‌υρκων γενος αϖο της τοιαυτης δυναμεως, οϖοιαν ο Μακεδων Αλεξανδρος εχων κατασ‌τρεψατο Περσας. (Cedrenus, t. II, p. 791). La crédulité du vulgaire est toujours vraisemblable, et les Turcs avaient appris des Arabes l’histoire ou la légende d’Escander Dulcarnien. (D’Herb., p. 317, etc.)