Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur son étendard, le malheur agissait derrière lui ; il regarda autour de lui, et vit toute son armée, excepté le corps qu’il commandait en personne, dévorer les sentiers de la fuite. » Le Gaznevide fut abandonné par la lâcheté ou la perfidie de quelques généraux d’origine turque ; et cette mémorable journée de Zendekan[1] fonda en Perse la dynastie des rois pasteurs[2].

Les Turcomans, vainqueurs, procédèrent aussitôt à l’élection d’un roi ; et si le conte assez vraisemblable d’un historien latin[3] mérite quelque crédit, le hasard décida du choix de leur nouveau maître. On écrivit successivement sur un certain nombre de traits les noms des différentes tribus, des familles de la tribu désignée par le sort, et des membres de ces familles qu’il avait favorisées ; ils furent tirés l’un après l’autre des faisceaux par un enfant, et la cou-

  1. Le Zendekan de d’Herbelot (p. 1028), le Dindaka de Dow (vol. I, p. 97), est, selon toute apparence, le Dandanekan d’Abulféda (Geograp., p. 345, Reiske), petite ville du Khorasan, à deux journées de Marou, et célèbre en Orient par le coton que produisait son sol et que travaillaient les habitans.
  2. Les historiens de Byzance (Cedrenus, t. II, p. 766, 767 ; Zonare, t. II, p. 255 ; Nicéphore Bryennius, p. 21) ont confondu dans cette révolution les époques et les lieux, les noms et les personnes, les causes et les événemens. L’ignorance et les erreurs de ces Grecs, que je ne m’arrêterai pas à débrouiller, peuvent inspirer des doutes sur l’histoire de Cyaxare et de Cyrus, telle que la racontent les plus éloquens de leurs prédécesseurs.
  3. Guillaume de Tyr, l. I, c. 7, p. 633. La divination par les traits est ancienne et célèbre en Orient.