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les Turcomans ne furent ni embarrassés ni effrayés de se mesurer avec les souverains les plus orgueilleux de l’Asie. Massoud, fils et successeur de Mahmoud, avait trop négligé les conseils des plus sages d’entre ses Omrahs : « Vos ennemis, lui répétaient-ils souvent, étaient dans l’origine un essaim de fourmis ; ce sont aujourd’hui de petits serpens, et si vous ne vous pressez pas de les écraser, ils acquerront tout le venin des plus grands reptiles. » Après quelques alternatives de trêves ou d’hostilités, après que ses lieutenans eurent éprouvé quelques revers ou obtenu des succès partiels, le sultan marcha en personne contre les Turcomans, qui, de tous côtés, fondirent sur lui sans ordre et en poussant des cris affreux. [Ils défont les Gaznévides et subjuguent la Perse. A. D. 1038.]« Massoud, dit l’historien persan[1], plongea seul au milieu du torrent des armes étincelantes pour s’y opposer par des exploits d’une force et d’une valeur gigantesques, tels que n’en avait jamais déployé aucun monarque. Un petit nombre de ses amis, animés par ses paroles, par ses actions et par cet honneur inné qui inspire le brave, secondèrent si bien leur maître, que partout où il portait son redoutable glaive, les Barbares, fauchés ou épouvantés par son bras, mordaient la poussière ou se retiraient devant lui. Mais au moment où la victoire paraissait souffler

  1. Dow, Hist. of Hindostan, vol. I, p. 89, 95, 98. J’ai copié ce passage pour échantillon du style de l’auteur persan ; mais je présume que, par une bizarre fatalité, la manière de Ferishta aura été perfectionnée par celle d’Ossian.