CHAPITRE LVII.
Les Turcs.
Des bords de la Sicile le lecteur doit se transporter maintenant au-delà de la mer Caspienne, dans les contrées d’où sont sortis les Turcs ou Turcomans, contre lesquels fut dirigée la première croisade. L’empire qu’ils avaient élevé au sixième siècle, dans les contrées de la Scythie, ne subsistait plus depuis long-temps ; mais leur nom était encore célèbre parmi les Grecs et les Orientaux : les restes de cette nation formaient diverses peuplades indépendantes, redoutables par leurs forces, et dispersées dans le désert, de la Chine aux rivages de l’Oxus et du Danube. La colonie des Hongrois faisait partie de la république d’Europe, et les trônes de l’Asie étaient occupés par des esclaves et des soldats d’extraction turque. Tandis que la lance des Normands subjuguait la Pouille et la Sicile, un essaim de ces pasteurs du Nord couvrit les royaumes de la Perse ; leurs princes, de la race de Seljouk, fondèrent un empire solide et puissant, qui s’étendait de Samarcande aux frontières de la Grèce et de l’Égypte, et les Turcs